Ces petits détails qu’on ne voit pas (à l’achat), mais qui font la qualité.

J’ai fait le choix de la qualité, mais vous comprendrez en me lisant que souvent ce n’est ni le choix de la simplicité, ni le choix de la productivité.

Le choix du bois

Ce veinage est serré

Je porte le plus grand soin au choix du bois. Chaque arbre est différent, la longueur des hivers, l’exposition, le vent, le terroir, la sécheresse en été, la concurrence des arbres environnants, sont autant de facteurs qui vont influencer la pousse du bois, et sa qualité en tant que bois d’œuvre.

J’ai la chance d’habiter à proximité des Pyrénées, le frêne, le hêtre, l’érable viennent de là (et plus précisément du Couserans, qui est aussi le pays des ours!) C’est du bois qui a poussé lentement, généralement de bonne qualité. Les forestiers puis la scierie ont déjà fait une sélection intéressante, j’en retiens environ 1/4 pour ne conserver que ce qui me convient. D’un point de vue visuel, ça donne un bois avec un veinage serré.

Le débit du bois . Objectif : du bois de la vaisselle stable dans le temps

Le débit a une importance primordiale.

Débit d’assiettes. En jaune: peu de déformation. En bleu: déformation importante

Le bois est un matériau vivant qui travaille inévitablement au fil du temps, la cause principale est les variations d’humidité de l’air (l’essence de bois, la température, la structure interne du bois sont d’autres causes). Une assiette ou une planche à découper qui se déforme beaucoup (en bleu sur le schéma) sera bancale – ce qui est fort agaçant – voire se fissurera. Heureusement ces déformations sont pour la plupart prévisibles : la qualité du bois et la façon de le débiter permettent de les minimiser.

L’idéal est de pouvoir travailler sur la moitié de la largeur d’une planche (en jaune sur le schéma). Le veinage est moins spectaculaire, mais la déformation limitée. Cependant, ça implique de travailler sur des arbres de GROS diamètres, ce qui complique BEAUCOUP ma tache pour m’approvisionner en bois. Mais j’y parviens le plus souvent. Pour les assiettes de grands diamètres (assiettes plates), travailler ainsi devient quasi-impossible, je préfère m’abstenir plutôt que de vendre des assiettes « culbuto ».

Par ailleurs, le débit est le bon moment pour éliminer les défauts du bois, typiquement les nœuds : un bol à trou, c’est très esthétique, mais moins pratique.

Vaisselle à fonds plats

En terme de qualité, j’ai fait un choix dont mes clients ne peuvent pas deviner l’importance, et qui pour moi est très chronophage.

Le plus souvent sur la vaisselle en bois artisanale, il y a une empreinte femelle (en creux) au dos. C’est la solution de facilité. Cette empreinte est utilisée dans le processus de fabrication pour tenir la pièce pendant qu’on creuse l’intérieur. Le gros inconvénient, c’est que quand on fait sécher l’assiette/le bol sur l’égouttoir, de l’eau stagne dans le creux : à la longue une moisissure noire va se développer.

Les dessous de mes assiettes, bols, et autres pièces de vaisselle sont plats, l’eau ne peut pas stagner.

Pour tenir la pièce dans un mandrin pendant le creusage, je réalise un tenon, une prise mâle : la supprimer une fois la pièce terminée ne prend que quelques minutes, mais sur l’année la charge de travail supplémentaire se compte… en jours.

Le ponçage

Le processus de fabrication de vaisselle permet d’obtenir facilement une très belle finition, et une grande douceur au toucher.

Cependant, lorsqu’on mouille du bois (pendant la vaisselle par exemple !), les fibres se redressent, et le bois qui était tout doux devient… tout rêche.

La parade à la fabrication, c’est de mouiller la vaisselle, d’attendre qu’elle sèche, puis de poncer à nouveau de façon à couper les fibres dressées. Selon les essences de bois, il faut en général répéter ce processus deux à trois fois pour obtenir une finition qui reste douce.

La plupart de mes collègues réalisent également ce processus sur la vaisselle artisanale.

Pour les objets « ronds » réalisés au tour à bois (tels que bols, assiettes…), c’est relativement rapide.

Pour ma part, j’effectue cette finition sur tous les objets destinés à être lavés, vaisselle et les ustensiles de cuisine. Pour une planche à découper tarabiscotée, une louche ou une spatule, c’est BEAUCOUP plus long, et pénible.